Le Royal Western Yacht Club de Plymouth (RWYC)

Le Royal Western Yacht Club (RWYC) est le club de Plymouth, support depuis 1960 de l'Original Singlehanded Transatlantic Race (OSTAR), course en solitaire entre Plymouth et Newport et depuis 1966 du tour des Îles Britanniques en double (RB&I). Ces deux courses ont été créées par Blondie Hasler dans l'esprit du « Corinthian Spirit »

L'OSTAR et la TWOSTAR.

 

Initialement prévue en 2020, la seizième édition de l'OSTAR (courue tous les 4 ans) est reportée en 2021 puis 2022. Simultanément a lieu la TWOSTAR pour équipages en double. La course part de Plymouth le 15 mai pour traditionnellement une arrivée à Newport dans le Maine.

Conséquence des conditions sanitaires et économiques, seulement dix bateaux (7 solitaires et 3 doubles) sont sur la ligne de départ.

En solitaire, 4 bateaux abandonnent. Le vainqueur est le Suisse Markus Moser sur Lifgun, un Pegasus 50 en 21j et 6h. Il précède l'Anglais James Mansell sur Escape un Sweden 390 en 26j et le Français Hervé Dupriez sur Polynia, un Rustler 36 en 29j et 22h.

OLBIA, pré-inscrite en 2020, préfère reporter son inscription sur le tour des îles britanniques en double.

En double, les trois participants sont à l'arrivée.Le vainqueur est le Hollandais Jan Kees et son fils Floris sur La Promesse, un open 60 pieds. Jan Kees a gagné l'OSTAR en 2009. Keith Walton et Jay Beeken sur Harmony terminent second en 29j et 3h. Szymon Kucynski prend la troisième place.

LE TOUR DES ÎLES BRITANNIQUES EN DOUBLE 2022.

Comme pour l'OSTAR, il y a peu de participants. 10 monocoques et 7 multicoques prennent le départ, dont un avec un équipage complet.

En monocoque, la flotte est très hétérogène. L'Italien Mattéo Richardi participe avec un bateau classique, un vertue 25. Ross Hobson navigue sur un Open 50. l'Américaine Charlène Howard et Robby Drummond engagent un Jeanneau de 43 pieds, le Polonais Kuba Szymanski et Ian Davidson un Beneteau de 40 pieds, les Anglais Dominic Bowns et Ian Munslow un sunfast 3300, Simon Hutchinson et Gary Deakin, un Rustler 42, Bob Wallace et Tim Goodwill un Sigma 35, Alan Charlton un first 345, Les Français Christian Chalandre et Pascal Body un SS34, le « Morning » OLBIA et les Anglaises Lou Borman et Elin Jones un contessa 32. Il faut remarquer que ces deux jeunes filles sont âgées respectivement de 19 et 20 ans !                                     

Le livre de bord d'Olbia

 Convoyage :

 Vendredi 20 Mai : Pascal arrive à bord à Port Rhû et fait du ménage.

Samedi 21 Mai : J'arrive à bord. Nous finalisons l'avitaillement et vérifions les gilets : c'est compliqué ! Ils sont munis d'une balise AIS qui est censée repérer l'équipier « Man over board » passé par dessus bord. Elles doivent être équipées d'une capuche, pour ne pas que le naufrager se mouille les cheveux !!!

On va éviter ce genre de situation !

Dimanche 22 Mai : Départ à 9heures de Port Rhû, nous montons tranquillement à Molène pour prendre un coffre (ils ont été remis en place) à 18h. Repas Henaff, merci Loïc.

Lundi 23 Mai : Nuit calme à Molène. Nous installons l'hydrogénérateur qui doit nous rendre autonome en énergie.

Nous appareillons pour l'Aberbenoit et le chantier de Monsieur Bégoc, où nous allons pouvoir échouer « sur le nez » OLBIA pour un petit coup de nettoyage des œuvres vives. A 23h, nous retournons prendre un coffre et au lit.

Mardi 24 Mai : Nous quittons l'Aberbenoit à 8h pour une grande étape de 10 nm jusqu'à l'aberwrac'h. Plein de fuel, nous sommes accueillis par Jean François Caraes et son épouse qui nous invitent à dîner. Nous retournons à bord après cette excellente soirée avec nos amis.

Mercredi 25 Mai : Nous quittons L'Aberwrac'h et la France dans l’après-midi. Le départ se fait dans des conditions plaisantes. Vent WSW 10-15 nds, nous en profitons pour régler les points de tire du foc 2 qui peut nous servir dans des conditions « ventées ».

Jeudi 26 Mai :

Nuit tranquille au milieu des cargos. A 11h, nous sommes à poste à Queen Anne's battery marina. Rencontre avec le comité de course. Tous les papiers sont en règle ! Ouf ! Une bonne chose de faite, il n'y a plus qu'à prendre le départ.

Vendredi et Samedi 27 et 28 Mai :

Deux jours au calme à préparer OLBIA, la météo, à rencontrer les concurrents. Briefing de Chris Arscott, le commodore du RWYC.

 

Dimanche 29 Mai : Étape N°1

4 jours, une heure et une minute pour 450 milles dans du petit temps au près à l’exception de la baie de Galway parcourue à vive allure sous spi, soit 4,6 nds de moyenne.

Départ à 11h30 avec un vent de SE 3 – 4. Nous allons laisser le phare d'Eddystone à tribord, comme toutes les terres anglaises à l'exception des anglo-normandes et de l'île de Rockall (et des Malouines!).

Premier obstacle, le DST (dispositif de séparation de trafique) que l’on est censé ne pas traverser. D’après les fichiers météo, une bulle semble installée sur la baie du mont Saint-Michel et les Scillys. Je me méfie de ces îles fort sympathiques en croisière mais dont « l’anticyclone local » peut être très piégeux. Nous décidons donc de passer au sud du DST. Tout va pour le mieux, un petit bord sous spi, quand le vent vire de 50°. Il se maintient, donc nous passerons finalement entre les îles et le DST. Nous apprendrons à l’arrivée que plusieurs bateaux sont effectivement restés coincés avant les Scillys sur la route directe.

 

Lundi 30 Mai :

Lundi midi, à la sortie de l’archipel, cap au 318 au près vers le Fastnet à 140 milles.

Mardi 31 Mai, Mercredi 1 juin.

Nuit et journée de mardi tranquille avec 10 - 12 nds au près. Nous longeons les côtes irlandaises.

Mardi soir, nous atterrissons à nouveau sur le DST au sud du Fastnet et après quelques bords pour l’éviter, nous faisons route sur les côtes sud-ouest de l’Irlande. Mercredi, toute la journée, nous longeons ces côtes superbes qui donnent envie de s’y arrêter. Je commence à me dire que j’y reviendrais bien l’année prochaine en croisière. Nous passons Bull Rock, les îles Skellig. A 10h, voiles noires à l’horizon ! 15 minutes plus tard, le sigma 35 croise 50 m devant nous ! Super ! Il a un rating supérieur donc on est dans le coup ! A 17h, nous passons les Blasket, 2 milles devant le sigma (qui n’a pas tiré les bords les plus judicieux semble-t-il) et à deux milles devant, nous rattrapons le Rustler 42, bon bateau de croisière, mais qui n’a pas du aimer le petit temps au près. Nous partons maintenant en route directe vers les îles d’Aran, Le sigma derrière nous et le Rustler sur tribord. Le sprint est engagé. Le vent faiblit, mais adonne. C’est le moment de sortir notre spi personnalisé, (à creux décentré) et nous prenons la tête du trio. Dans la nuit, nous passons l’entrée du Shannon, puis longeons les hautes falaises sans malheureusement les voir.

 

Jeudi 2 juin.

 

Jeudi au matin, nous passons au sud des îles d’Aran. Route directe, plein vent arrière, laissant nos petits camarades hors de vue. Nous nous glissons entre les îles d'Aran et le « continent » sous spi.

A 12h31, nous passons la ligne d’arrivée. Les portes n’ouvrant que deux heures avant la pleine mer, nous devons attendre jusqu’à 17h. L'Open 50, ORBIT le sun fast 3300 sont arrivés hier au soir et sont déjà dans le bassin à flot. Kuba est arrivé 3h30 avant nous. Rangement et à 14h nous voyons arriver nos amis, le sigma, le Rustler et le Jeanneau qui passent comme nous la ligne sous spi. Un zodiac se dirige vers eux et nous les voyons manœuvrer, repartir puis revenir prendre un coffre. Entre temps le zodiac vient nous avertir que nous n’avons pas passé la ligne d’arrivée, qu’il fallait aller contourner une « large inflatable buoy is to be left to port ». Nous larguons notre coffre et partons faire le tour de la bouée qui se trouve à 200 m de la ligne mais que nous n’avions pas identifié en arrivant. Je proteste un peu auprès des occupants du zodiac qui disent qu’ils comprennent parfaitement mon point de vue. Dans les Instructions de course, il n’y a ni sa couleur, ni sa position alors qu’ils donnent les positions de toutes les bouées qui sont sur toutes les cartes et elle n’est pas éclairée ! Comment ont fait ceux qui sont arrivés de nuit ? Sur le zodiac, ce sont en fait des bénévoles qui n’y sont pour rien dans l’organisation, mais qui viennent gentiment aider. A terre, l’un des deux, marié à une Française, nous dira être un amateur de Pierre Perret qui semble-t-il est très souvent ici. Nous n'entendrons plus parler de la bouée. En temps compensé, nous sommes second à 2h du premier et avec plus de 7h d'avance sur les suivants.

A 17 h, nous rentrons dans le port. Moment d’émotion, j’y suis venu il y a 50 ans sur Ker gwen ce ketch de 11m sans moteur, avec lequel nous écumions les eaux britanniques. A 19h, le commodore du club de Galway nous offre une bière sous un chapiteau sur le port en nous disant que c’est dommage : On a loupé la fête qui était organisée hier soir avec tout le staff, les sponsors, Barbecue and musik !

Il y avait tous les multicoques, mais pour y être, il aurait fallut mettre 3 jours pour 450 milles soit 6 nœuds de moyenne !!! Alors que ce soir à part 3 monocoques encore en mer, tout le monde est là. Nous pouvons rencontrer nos concurrents. Kuba (le polonais installé à l’île Man) prend les choses en main et commande des « sandwichs mexicains » (c’est original) que nous mangeons tout en discutant. Il semble que beaucoup aient eu des moments de calme.

Si je ne suis pas satisfait de l’Iridium go pour ce qui est de la communication avec vous, il m’a permis de prendre des fichiers de vent certes pas toujours fiables (et quelques fois en contradiction entre Maxsea et Squid) mais quand même bien utiles toutes les 6 heures pour éviter les pièges (entre autre aux Scillys et dans la baie de Kenmare).

Sur les conseils de Nigel, un personnage sympathique qui n’est rien à Galway mais qui connaît tout, et qui nous a dit de ne pas nous en faire, on a rendu notre feuille d’arrivée pendant le pot à Adrian le Race Director qui n’a pas du tout évoqué le problème de la ligne d’arrivée. C’est aussi le « Race Director » de l’OSTAR et quand je lui ai demandé des nouvelles de la course, il ne semblait pas très au courant ?! il semble en plus qu’un nombre important de concurrents n’aient pas respecté le DST ?!

Cela va probablement se terminer par quelques minutes de pénalité distribuées deci dela. En fait les concurrents n’ont pas l’air du tout de se prendre la tête. On n’est pas au spi ouest à la trinité !! Respect du « Corinthian spirit ». On est là pour se faire plaisir, pour bien naviguer et se battre principalement avec soi même.

Après une bonne nuit, nous avons complété notre avitaillement. Le soir on va tout de même trouver un pub avec une Guinness et de la musique locale.

 

Samedi 4 juin : Étape N°2 : la plus longue.

 

6 jours, 13 heures et 45 minutes pour 700 milles.

 

Samedi matin, à 7 heures, marée haute oblige, nous repassons les portes avec les trois autres bateaux qui vont repartir en fin de matinée pour aller reprendre un coffre en attendant 12h31 pour reprendre la mer. Nous assistons donc à leurs départs. La baie de Galway a été très sympathique avec nous. Des vents d'ouest pour atteindre Galway et d'est pour en sortir. Nous devons revenir sur nos pas pour laisser les îles d’Aran sur tribord, puis route au nord, vers Saint-Kilda à l’ouest des Hébrides puis Lerwick aux Shetlands que nous devrions atteindre une semaine plus tard. A priori, la météo semble clémente et nous ne devrions pas prendre une grosse claque sur cette étape. Départ à 12h31 sous spi avec un bon vent qui est passé à l'est pour la plus longue étape de 700 nm. Nous faisons les 20 nm qui nous séparent des îles d'Aran en 3 heures, nous longeons la côte sud déchiquetée des Îles d’Aran .

Dimanche 5 juin et lundi 6 juin.

Dimanche midi, nous sommes à la latitude du nord de l’Irlande. Le vent est maintenant passé au nord Est et n'est pas bien nerveux.

Le soleil se couche de plus en plus tard et se lève de plus en plus tôt, La nuit le ciel reste orangé au nord et on peut se déplacer et manœuvrer sans lumière.

Lundi, nous faisons route vers Saint-Kilda, mais le matin, nous sommes à 25°-30° du cap. Le vent tombe. Il nous arrive de nous faire doubler par des mouettes à la nage !...Le vent revient et adonne enfin un peu.

 

Mardi 7 juin.

Nous faisons 72 nm en 24 heures. Nous voyons Enigma, le sigma 35. Donc on n'est encore dans le coup ! A 16h nous passons à un mille à l'ouest de Saint-Kilda. Prochain objectif, le phare de Muckle à 280 nm au nord des Shetland, mais nous faisons route vers les Féroés …Nous tentons un contrebord, que l’on abandonne rapidement, il nous renvoie au nord des Hébrides.

Mercredi 8 juin et jeudi 9 juin.

Le vent ENE forcît à 25-30 nœuds. Solent, 2, puis 3 ris. La mer est dure et OLBIA, ce n'est pas son habitude, tape parfois violemment. On s'attendait à avoir éventuellement du mauvais temps d'ouest, mais on va faire toute l'étape avec des vents de secteur est. Nous sommes à 25° du cap. Nous essayons à nouveau de tirer un bord bâbord, mais nous sommes alors à 90° de la route. Comme annoncé par la météo, le vent passe progressivement au SE. Ce qui nous permet de faire cap direct sur le phare de Muckle.

Jeudi, nous ne sommes plus qu’à 60 milles des Feroes mais à 120 milles de notre objectif  et plus haut en latitude! Le vent faiblit, la mer devient raisonnable et nous pouvons larguer nos ris.

Vendredi 10 juin.

Vendredi, nous sommes maintenant au nord de la latitude de Muckel Flugga. Le vent adonne toujours, nous sommes maintenant sous génois avec ou sans ris et nous faisons enfin cap sur l’objectif. Le vent passe enfin au sud et à 11h45, nous relevons le phare de Muckle dans le 180°, nous passons dans la partie est des côtes de grande Bretagne. Nous mettons un peu de sud dans notre cap. Nous rentrons à la maison, il y a même un rayon de soleil. Cap au sud avec un vent d’une bonne dizaine de nœuds, qui vient naturellement du ………SUD ! Voile blanche derrière nous à l’horizon. L’AIS nous confirme, ce sont nos amis du Rustler 42. Il nous reste encore 50 nm à faire pour redescendre le long des Shetland et atteindre Lerwick dans le vent qui est devenu maniable.

Nous ne sommes donc pas complètement dans les choux ou au moins nous sommes deux ! Ils tirent un bord au large, je préfère rester à terre. Quand ils reviennent, ils se sont bien rapprochés. Nouveau bord, même stratégie, cette fois, c’est moi qui ait raison.

 

Samedi 11 juin et dimanche 12 juin.

 

Samedi, à 0 heure, nous tirons un dernier bord qui nous permet de parer Bard Head et d’abattre dans Bressay sound. Spi ? Pas spi ? Il reste 3 milles. Il faut tout de même surveiller la navigation, empanner 2 fois, les voiles gonflent, nous on se dégonfle !

Génois en ciseaux, nous passons la ligne à 1heure 45, une demi-heure devant le Rustler. Arrivés au ponton, il y a là Kuba le Polonais et Charlène l’Américaine. Pas de nouvelle du Sigma 35. Nous apprenons ensuite qu’ils ont fait escale mais nous ne savons pas encore s’ils sont repartis. Kuba et Charlène sont arrivés un jour avant nous. Nous ne faisons plus la même course qu'eux. Quant au Sun Fast 3300, il est bien loin devant. En compensé, nous ne perdons que 4 et 7 heures sur eux, ce qui fait que nous conservons notre deuxième place.

 

Un petit quart de bannette et à 8 heures nous attaquons le rangement. Course, douches, yacht club, un winch à vérifier … A 6h, nous allons prendre l’apéro chez Leslie, un garçon fort sympathique, qui habite Lerwick et qui a couru deux fois la course ! Pour lui c’est simple, il fait Lerwick Plymouth en convoyage, puis la course en faisant escale à mi chemin à la maison. A l’arrivée, il n’a plus qu’à revenir à Lerwick ! Il a donc fait deux fois deux fois le tour ! Restaurant avec Pascal, puis petit tour au pub et retour à la bannette. 10 heures plus tard, les batteries sont à bloc.

Le contessa 32 est arrivé ce matin. Les deux jeunes équipières (19 et 20 ans) ont fait les 300 milles de Saint Kilda à Muckel Flugga en un peu plus de 2 jours alors que nous on a mis plus de 3 jours ! Elles sont arrivées à couple d’un remorqueur avec un génois qui ne voulait plus ni s’enrouler ni s’affaler. Belle nav ! Chapeau ! Elles gagnent l’étape en compensé en battant tout le monde !

Bilan de l’étape : En compensé, on finit cinquième, à 15 heures des filles, 14h du 3300, 6 heures de Charlène et 5 de Kuba. Au général, on est maintenant au coude à coude avec Charlène et Kuba. Le 3300 est sur une autre planète. Ils ont un jour d’avance en réel, mais des ratings beaucoup plus importants. Le Rustler et le contessa, malgré leur bonne étape, sont encore loin. Le sigma n’est plus dans la course. Nous ne sommes qu’à la moitié, tout reste à faire, le suspens continue. Une semaine entière avec des vents de Nord Est dans cette région, c’est tout de même rare. Ils sont passés au sud juste quand on est passé au nord de Muckel Fluga et qu’il a fallut faire du .. Sud !

Nous n’avons pas eu les mêmes conditions que les autres bateaux et avons fait jeu égal avec le Rustler 42 et avec le sigma jusqu’à ce qu’il disparaisse des écrans. Ce sont les lois du temps compensé, parfois on est gagnant, parfois on est perdant. Il faut en accepter les règles. Dimanche après midi , Lou et Leny du contessa arrivent à couple d'un remorqueur car leur génois ne peut plus être enroulé. « Everything is brocken ! ». Plus d'énergie, plus de moteur, plus d'électronique … Lou a encore la pèche, mais Leny semble contente que l'épreuve s’arrête. Le petit chien de Leslie monte à bord et vient s’asseoir en ayant l'air de lui dire : « aller c'est bon tu vas pouvoir te reposer ! » à coté d'elle La surprise sera grande quand on va leur apprendre qu'elles ont gagné l'étape.

Elles ont profité d'un vent de sud assez musclé qui leur a permis de boucler les 300 derniers milles avant le nord des Shetlands en 2 jours.

 

Il faut rappeler les lois du Corinthian spirit :

L’important c’est de participer, si possible de gagner mais surtout faire de son mieux, se faire des amis et prendre du plaisir en mer et à terre avec les autres concurrents.

 

Lundi 13 juin : Étape N°3 : la plus courte, la plus mauvaise.

 

On repart cette nuit à 1h45, pour une petite étape d’à peine 300 milles plein sud vers Blyth au nord de Newcastel upon tyne. Les jours vont diminuer, mais la température, du moins on l'espère devrait remonter. Prévisions : 20-25 nœuds d’ouest au départ faiblissant 15 dans la journée, puis devenant variable mais dans l’ensemble de secteur ….. Sud ! Of course !

Kuba et Charlène qui sont partis 24h avant nous en profite pendant toute l'étape et vont finir en moins de deux jours.

En 16h, nous avons fait 100nm, le tiers de l'étape, passé Fair Ile, les Orcades et arrivons sur les côtes écossaises. 8 heures plus tard, nous avons fait 20nm !!

Mardi 14 juin, mercredi 15 juin et jeudi 16 juin.

Le vent de sud à ouest oscille entre 0 et 10 nœuds. Avec le courant, il nous arrive de reculer. On fait difficilement 70 milles par jours. On voit Carrick qui part à l'est.On préfère rester à terre.

Quand on arrive à Blyth jeudi à 12h54, Carrick est déjà là. C'est eux qui ont eu raison.

En compensé, c'est la catastrophe : Sur 300 milles, Chalène nous reprend 32 heures (plus d'une heure tous les dix milles!) et Kuba 28 heures. On se retrouve en quatrième position avec très peu d'espoir de monter sur le podium. C'est la règle du jeu. Les bateaux sont de taille différente, donc ils ne rencontrent pas tous les mêmes conditions. Un coup on gagne, un coup on perd, mais là on a vraiment pris un coup dur.

Il faut rappeler les lois du Corinthian spirit :

L’important c’est de participer, si possible de gagner mais surtout faire de son mieux, se faire des amis et prendre du plaisir en mer et à terre avec les autres concurrents.

 

Jeudi soir.

L'escale est sympathique avec nos amis de Carrick avec qui nous allons dîner au restaurant. Le port est sans intérêt, si ce n'est le Royal Northumberland Yacht Club qui est dans un ancien bateau feu entièrement restauré. La marina est associative et ce sont les cotisations des membres qui ont permis la restauration de ce monument.

Vendredi soir, nous dînons au Club, avec Garry et Simon du Rustler, les représentants du RWYC et les parents de Elin qui doit arriver demain avec Lou sur leur Contessa 32.

 

Samedi 18 juin : Étape N°4 : la revanche.

 

Lou et Leny arrivent dans la matinée, à la voile car elles n'ont encore une fois plus d'énergie ni de moteur, mais toujours de bonne humeur ! Garry et Simon démarrent à 7 heures avec 5 heures d’avance sur nous. La chasse au Carrick (Le Rustler) est ouverte ! Nous sortons pour prendre le départ (presque) à raz de la marque de ligne, qui est une éolienne ! C’est assez original ! Vent WSW, 20 nœuds, cap au 140°. Spi ? Pas spi ? Nous hésitons, la mer étant assez forte. Nous l’envoyons tout de même dans l’après midi. A 23h54, nous avons fait 82 milles en 11heures !

 

Dimanche 19 juin.

Le soleil se lève à 4h25. A 4h54 : 104nm en 16 heures. Record battu. Nous longeons des parcs de plusieurs centaines d'éoliennes. A 17h it’s thé time. Nous nous arrêtons. Vent NNW 3-4 nds ! Nous repartons dans la soirée sous spi avec 20 bons nœuds de Nord.

Lundi 20 juin.

On approche du pas de Calais. On rentre le spi en matinée. Il y a un bon 5 d'est et la mer est forte. Nous passons l’estuaire de la Tamise et continuons notre descente vers le sud (Il ne fait toujours pas plus chaud !) et tournons à droite.

On passe le bateau feu d'Estgoodwin par un beau soleil. Nous avons une pensée pour tous les marins qui vivaient (2 mois à bord, 1 mois à terre) sur ces bateaux au mouillage ! On se retrouve en manche, je ressors les bonnes vielles cartes du SHOM des années 70 ! On renvoie le spi, à 12h54, on a fait 310 milles sur la route en 48h. Plymouth est à 200 milles, OLBIA sent l'écurie. Le vent de nord 15 nds augmente progressivement. A 18h, à l’intérieur en train de prendre une petite collation, je constate sur le cadran que nous ne sommes plus qu’à 5 nœuds. Un coup d’œil à l’extérieur et je comprends vite. Mon vieux spi (il avait 20 ans sans un seul accroc) a explosé. On peut le ramener à bord, mais je pense qu’il sera difficile de lui redonner vie. L’ancien spi de largue prend sa place, route vers Saint Catherine au sud de l’Ile de Wight.

Mardi 21 juin.

A 1h, on approche de l'Ile de Wight. Pascal m'appelle :  « Je crois qu'on a un problème avec le spi ». C’est une façon de parler, car il n’y a plus de spi ! Irrécupérable, il est passé sous la quille, cela se termine au couteau. Celui là on n'en fera plus rien. Plus embêtant encore, nous ne pouvons dérouler qu’une partie du génois. La drisse et la têtière du spi sont enroulées autour de la tête de l’étai. Coup de blues ! Il reste 100 milles à faire. Plus de classement … J’envisage d’aller mouiller sous les needles, mais Pascal pense qu’il peut monter au mat. Trois ris, le génois en partie déroulé pour appuyer le bateau et Pascal part respirer l’air en altitude. A 3h 30, tout est en ordre et on repart …. sous génois. Il me reste le spi neuf que je ne compte utiliser que si les conditions sont clémentes. La météo nous annonce une zone de calme devant et (ce n’aura pas toujours été le cas pendant cette course), elle a raison. Nous essayons d’anticiper et de la contourner par le sud, mais rien y fait. On s’arrête sur le bord de la route pendant plusieurs heures. Moment de déprime : Tous ces moments « à donf » et arrêt buffet. Dans la soirée, nous repartons tout doucement en plusieurs fois : on repart, on s’arrête, on repart, ce coup ci c’est bon, on s’arrête …. on repart, ce coup ci c’est bon.

Mercredi 22 juin.

 

Dans la nuit nous passons Start Point à bonne allure. Nous rentrons une dernière fois le spi pour remonter au bon plein sous génois. Le jour se lève (de plus en plus tard). Plus que 20 milles et on petit déjeune dans Queen Anne’s batterie Marina. Le vent adonne, on renvoie une dernière fois le spi. Le vent refuse, nous rentrons une dernière fois le spi pour remonter au bon plein sous génois …. Le vent adonne, on renvoie une dernière fois le spi. Le vent refuse, nous rentrons une dernière fois le spi pour remonter au bon plein sous génois …. Nous recommençons 10 fois la manœuvre ….pour nous arrêter à un demi mille du breakwater de Plymouth ! Oui mais la ligne est devant le RWYC ! Encore 2 milles à faire ! Coup de chance la marée monte jusqu’à midi trente ! Une petite risée on repart sous génois puis, vous vous en doutez sous spi .. avec tous ces touristes qui sortent avec leur bateaux à moteur et qui naturellement nous laissent un clapot fort sympathique ! Nous passons à l’intérieur de la rade et le vent se lève ! Nous passons la ligne à 10 h 29 ! We did ! Accueil au ponton, puis au club par les responsables du RWYC. Nous apprenons que le Rustler parti 6 heures avant nous, est juste arrivé 2 heures avant. Simon n’est pas rancunier car il nous invite à dîner le soir chez lui.

Une dernière étape un petit peu mouvementée, mais nous la finissons premier, 3 h devant Carrick, 9h devant Charlène, 12h devant Kuba, 21h devant le sunfast 3300.

3 jours, 22 heures pour 500 milles, cela fait 5,3 nds de moyenne. Vu les calmes des dernières heures et les trois heures à régler notre problème de spi, nous sommes satisfaits.

 

Une édition un peu particulière :

 

1/ Je craignais du gros temps d’ouest sur la montée aux Shetland, nous n’avons eu que du Nord Est avec une seule journée à 25 – 30 nœuds. Au près c’est inconfortable, mais on était prévenu, le bateau préparé, donc cela fait partie des règles du jeu. Ensuite toujours beaucoup de vent d’est, même (ce qui est sympa) en Manche.

2/ Peu de participants : Covid ? Brexit ? La course aura lieu, n’aura pas lieu ? Jusqu’à un mois du départ, on ne savait pas trop. C’est la même chose pour l’OSTAR. Nous étions dix au départ, Un 50 pied, un bateau dernière génération (sun fast 3300), deux gros bateaux de croisière menés l’un par Kuba un polonais de l’Ile de Man, l’autre par Jennifer une américaine, un Rustler, un vieux bateau de 27 pied qui est encore au large de l’écosse et 4 bateaux de tailles équivalentes : un first 345 et un Sigma 35 qui ont abandonné et le contessa 32 des deux filles. A Galway, tous les bateaux étaient encore à l’escale ensemble. A Lerwick, nous n’étions plus que 4 et 2 à Blyth. Donc tous les bateaux de la flotte n’ont pas eu les mêmes conditions. C’est le Corinthian spirit : Chacun vient régater avec son propre bateau avec l’envie de gagner, mais surtout de faire de son mieux.

 

OLBIA a maintenant regagné tranquillement Douarnenez. Cette (probablement dernière) grande course restera dans nos souvenirs, pour la balade en mer, la rencontre de gens très sympathiques et le bonheur d’avoir navigué un mois avec Pascal.